[Retrouvez toutes nos vidéos du tour du monde sur notre page Facebook]
Troisième et avant-dernier épisode de notre série de quatre articles consacrés à la région de Cusco et au Machu Picchu. Retrouvez ici le premier article sur Cusco, ici le second article sur nos mésaventures durant l'organisation du voyage. Le dernier, le guide pratique du Machu Picchu, est ici
Comme vous avez pu le voir dans notre précédent article sur les Incas grévistes, l’organisation n’a pas été simple ! Mais ça y est, nous sommes presque au Machu Picchu ! Et les mésaventures ne sont pas terminées…
La Vallée Sacrée des Incas (« Valle Sagrado »)
Vendredi, départ de bon matin pour la Vallée sacrée avant de découvrir le Machu Picchu le samedi. Le mini-bus de SAM Travel, l’agence que nous avons choisie, vient nous chercher à notre hôtel à 7h30. Nous retrouvons Edgar, notre guide, Romesh, l’Australien et les 4 américains.
Au programme de la journée :
- Un centre d’accueil d’animaux blessés
- La ville de Pisac avec son marché et ses ruines
- Les salines de Maras
- Les terrasses de Moray
- Les ruines d’Ollantaytambo
- Le train d’Ollantaytambo à Aguas Calientes
Le centre d’accueil des animaux
Nous commençons donc par aller voir des animaux de la région dans ce centre très intéressant. Un guide nous montre les différentes espèces. Des ours, les inévitables vigognes, lamas et alpacas, mais aussi plusieurs beaux pumas, de très impressionnants condors qui volent à quelques centimètres (littéralement) de nous et enfin de très mignons petits singes.



Le vol des condors est particulièrement marquant. Nous entrons dans leur volière. Le guide nous fait asseoir sur des marches et nous pensons admirer les condor de loin, à une bonne dizaine de mètres. Mais le guide s’éloigne et deux condors nous foncent dessus ! Avec leur envergure de plus de 3 mètres, je peux vous assurer qu’on n’en mène pas large. Ils nous frôlent et vont se poser à 1 mètre de nous sur un poteau. Quelle expérience ! On pensait en avoir vu de près au Canon del Colca près d’Arequipa (cf notre article ici), mais là, c’est du grand art.

Pisac, ses ruines incas et sont grand marché artisanal
Après cette belle et inattendue découverte, direction Pisac. Ses ruines Incas sont situées dans les hauteurs de la vallée, comme tous les villages Incas. Elles permettent, en plus de découvrir un des plus importants sites archéologiques de la région, d’avoir un beau point de vue sur les environs.



Suite à cette visite, nous redescendons dans la vallée pour voir le beau marché artisanal. On y retrouve tous les habituels objets vendus dans les lieux touristiques : sacs en tous genres, jeux d’échec, carnets, stylos avec un lama, etc. C’est un bon endroit pour acheter quelques souvenirs avant de rentrer. (NB : si vous allez ensuite en Bolivie, vous trouverez la même chose là-bas, nettement moins cher, donc attendez un peu)

Comme partout dans la région, le nombre de touristes est assez impressionnant. Et on n’est pas encore au Machu Picchu !
Les superbes salines de Maras
Après un sympathique déjeuner, nous poursuivons en direction des salines de Maras. Quelle belle surprise ! On ne s’attend pas du tout à voir, au milieu de ces centaines de terrasses cultivées, apparaitre de grandes piscines blanches, remplies de sel.


L’eau, qui coule pendant de longs kilomètres dans la montagne, se chargerait en minéraux au contact des roches, avant de sortir de terre à Maras, avec une teneur en sel extrêmement importante. Elle est récupérée par les habitants dans des bassins. L’eau, stockée sur 5 à 10cm de hauteur, s’évapore, laissant place à une première couche de sel, de qualité moyenne car en contact direct avec la terre. Ce sel est utilisé pour l’alimentation des bovins principalement. Pour la deuxième couche, consommable par les hommes, on remet encore 5 à 10cm d’eau, qui s’évapore à nouveau et permet d’obtenir un sel de meilleure qualité. Une troisième et dernière couche permet d’obtenir le sel premium, le plus pur et le plus blanc.

Ce sel serait d’une qualité particulièrement exceptionnelle. Une entreprise française est en compétition avec une entreprise brésilienne pour le rachat du sel de la zone, à un prix de la tonne 5 à 10 fois supérieur au prix actuel. Une vraie mine d’or blanc pour les habitants si les négociations aboutissent.
Les étonnantes terrasses de Moray
La journée se poursuit aux terrasses de Moray. Ces champs, à la forme de théâtre antique très particulière, auraient joué le rôle de laboratoire de l’agriculture Inca. Grâce à leur forme en cuvette, la température au fond est de plusieurs degrés supérieure à la température en haut de la colline. Les Incas l’avaient bien compris, et testaient ainsi l’acclimatation des nombreuses variétés cultivées. Ils commençaient par planter une variété en bas, puis chaque année la faisaient monter à la terrasse supérieure. Au bout de quelques années, ils obtenaient des graines capables de survivre à des altitudes assez élevées et ils les plantaient alors dans toute la région. Ingénieux ces Incas !

Les ruines Incas d’Ollantaytambo
Pour terminer l’après-midi, direction les ruines d’Ollantaytambo. A cause d’un bouchon à l’entrée de la ville, nous arrivons à 16h59, pour une dernière entrée permise à 17h, on a eu chaud ! On aura quand même le temps d’admirer le temple du soleil ainsi que d’observer les bâtiments disséminés sur les montagnes alentours, à des hauteurs vertigineuses. On se demande ce qui pouvait pousser des hommes à vouloir construire aussi haut.

Les techniques de construction des Incas
Notre guide nous en dit un peu plus sur les techniques de construction des Incas. Ne connaissant pas la roue, ils ont dû trouver d’autres méthodes pour déplacer les immenses blocs de pierre de plusieurs tonnes. D’autant plus que les carrières étaient souvent sur la montagne d’en face, à plusieurs kilomètres du temple !
Du haut de la carrière, ils faisaient donc rouler les pierre vers le bas de la montagne (jusque là, ça va, la gravité donne un coup de main !). Arrivés en bas, il fallait franchir la rivière. Pour cela, ils ont eu l’idée de modifier légèrement son cours, pour la rendre plus large, mais moins profonde. Le lit de la rivière étant glissant à cause de la mousse qui se forme dessus, ils faisaient ensuite glisser leurs grosses pierres dessus, jusqu’à l’autre rive. Enfin, avec beaucoup de main d’oeuvre et de cordes, ils tiraient les pierres en haut de grandes rampes, en les faisant rouler sur des troncs d’arbres. L’opération devait être particulièrement exténuante et délicate !
Les galères de la grève péruvienne, épisode 2
Fort de ces nouvelles connaissances architecturales, nous terminons la journée en rejoignant la gare d’Ollantaytambo, où une foule dense de touristes se masse aux abords de la station de train.
Théoriquement, nous devions attendre environ 1h, pour partir vers 19h. Mais la grève perturbe encore les lignes et nous devons donc attendre plus de 2h30 d’après Edgar, notre guide. Pas de chance, mais c’est comme ça. On ne dormira pas beaucoup avant le Machu Picchu…
Il nous annonce d’ailleurs que lui-même n’a pas de billet et n’est donc pas sûr de pouvoir nous accompagner le lendemain. On est un peu incrédules, ça n’est pas très sérieux… Mais il nous explique qu’un autre guide de l’agence prendra le relais. Admettons.
On en profite donc pour manger et jouer aux cartes tous ensemble. On passe un bon moment et, au signal d’Edgar, on se lève pour aller à la gare. Après avoir traversé une impressionnante queue de péruviens (ils ont des tickets à part, distincts de ceux des touristes), nous accédons à la salle d’attente, et attendons à nouveau une bonne quarantaine de minutes. On commence à être fatigués de la journée.
Edgar nous annonce, l’air penaud, que les trains sont bloqués en gare à cause de la grève et qu’on ne pourra pas partir le soir même… Nous faisons tous des têtes dépitées. On se demande où on va bien pouvoir dormir et on s’imagine déjà dans la gare toute la nuit… Edgar, explose de rire. C’était une blague !! On respire.
Un train arrive et on se dirige vers nos wagons. Nous devons être dans le wagon D, mais je ne vois que A, B et C (et d’autres wagons réservés aux péruviens). Je suis un peu intrigué, mais avec la grève, tout est perturbé. On arrive dans le premier wagon, on montre nos billets. Petit moment de flottement. Edgar parle rapidement avec le contrôleur. On ne comprend pas trop ce qui se passe. Ca s’agite. Visiblement quelque chose ne va pas.
On attend quelques minutes. D’autres personnes, elles, montrent leurs billets et parviennent à monter. Ca ne sent pas bon. On nous dit que notre train n’est parti qu’avec 30 minutes de retard et que nous aurions dû le prendre il y a deux heures ! Stupeur… Cette fois-ci, ce n’est pas une blague !
Edgar, l’air très contrarié, part voir quelqu’un dans la gare et revient avec lui. On nous fait encore attendre. Visiblement on lui avait donné une mauvaise information. Par chance, après quelques minutes, les contrôleurs se montrent compréhensifs et nous laissent monter dans un wagon qui s’avère être vide (allez comprendre pourquoi alors qu’il n’y avait plus un seul billet en vente et que des dizaines de personnes n’ont pas pu aller au Machu Picchu à cause de la grève…). On n’aura simplement pas droit à notre snack qui, «lui, est parti avec le bon train, à l’heure prévue».
Nous sommes assez agacés vis-à-vis de notre guide qui n’a pas été très attentif ! Mais nous sommes dans le train, c’est déjà ça. Lui n’a pas pu monter, n’ayant pas de billet.
Nous essayons de dormir pendant l’heure et demi de trajet, mais la tension accumulée perturbe notre sommeil.
En descendant à la station d’Aguas Calientes, une bonne surprise : Edgar a pu monter finalement et nous accompagnera le lendemain. Tout est bien qui finit bien.
Ou presque…
Dernier problème de la journée pour moi et Céline : après avoir déposé les américains et l’Australien dans leur hôtel, Edgar et nous allons à notre hôtel. Nous y découvrons qu’il n’y a pas de réservation pour nous (ou plutôt si, mais pour le lendemain !). Retour dans le premier hôtel pour vérifier : ils n’ont pas de réservation non plus… Grrr, on commence à se demander si on a bien fait de passer par SAM Travel, pourtant très bien noté sur TripAdvisor…
Ils finiront par nous donner la dernière chambre de l’hôtel, sans chauffage, mais avec de l’eau chaude. Il est 1h du matin, on doit se lever à 4h30 pour partir à 5h30… La nuit sera courte !
Le lendemain matin, pour continuer avec les problèmes, le petit-déjeuner qui devait être à 5h, a finalement été mystérieusement décalé à 5h30. En quémandant un peu de pain à la dame qui s’en occupe, elle daignera nous en donner. Et finalement elle soulèvera les nappes qui couvraient le buffet, pour laisser apparaitre l’intégralité du petit-déjeuner, avec pain, fruit, céréales, etc. On peut partir sereinement !
Nous rejoignons les autres à 5h30 et voyons déjà une longue queue qui longe notre hôtel. Contrairement à ce qu’avait laissé entendre le guide, qui nous avait incité à ne pas partir à 4h, il y a énormément de monde qui fait la queue à 5h30. Nous attendrons près de deux heures avant de pouvoir prendre le bus.
Un conseil : si vous arrivez à une heure décente la veille au soir, faites la queue du bus dès 4h du matin (le premier bus part à 5h30). Ça vous fera gagner un peu de temps et ça vous permettra d’avoir beaucoup moins de monde au sommet.

Nous arrivons donc…enfin…au Machu Picchu !! Malgré tous nos problèmes, on est passés entre les gouttes ! On est fatigués, mais heureux !!
A la découverte du Machu Picchu
Vous trouverez plus d'infos pratiques pour préparer votre visite dans notre guide pratique du Machu Picchu.
Nous découvrons enfin cet endroit étonnant, dont le nom Quechua se traduit par « Vieille montagne« . Jamais découvert par les Espagnols et donc préservé de leur impact, le site conserve, malgré la foule, une atmosphère de tranquillité au milieu des montagnes.
Edgar nous explique sa re-découverte (comme toujours, en Amérique du Sud, le terme de « découverte » n’est pas tout à fait approprié), un peu par hasard, par un explorateur américain, Hiram Bingham, en 1911. Des paysans locaux y cultivaient les terres sans percevoir la richesse archéologique qui se trouvait sous leurs pieds.
Depuis, l’attrait touristique du site n’a cessé d’augmenter, au point que des quotas d’admission on dû être mis en place, avec au maximum 8000 personnes par jour (4000 le matin, 4000 le soir). La foule est d’ailleurs assez impressionnante, surtout sur la place centrale (sur le reste du site, à part quelques points de bouchon, ça reste supportable alors que tous les billets avaient été vendus, ce qui est très rare).


Après ses explications détaillées, Edgar nous quitte pour repartir vers Cusco et nous continuons notre visite du site par nous même. Les Américains vont faire l’ascension du Wayna Picchu et l’Australien celle du Cerro Machu Picchu, la montagne située en face. Nous, nous restons en bas (il faut avoir réservé à l’avance pour pouvoir faire ces balades) et explorons les ruines. Nous irons notamment voir le Puente Inca, ce qui permet de faire une courte promenade (30-40 minutes aller-retour) à l’écart de la foule. Au retour, on trouve un petit endroit au calme, avec une superbe vue sur le site, pour s’asseoir et méditer sur la beauté du lieu.


En sortant, n’oubliez pas de faire tamponner vos passeports avec le tampon du Machu Picchu ! C’est gratuit et c’est juste après la sortie sur la gauche (un petit stand qui ne paye pas de mine).
Nous retrouvons nos compagnons un peu plus tard. Ils sont complètement épuisés, surtout Romesh, l’Australien, qui n’avait pas prévu assez d’eau pour cette montée éprouvante.
Après une bonne demi-heure d’attente, nous repartons pour Aguas Calientes en bus.
C’est la fin de l’aventure, mais pas la fin des problèmes !
La grève fait encore des siennes et nous devrons à nouveau attendre près de 3h le départ de notre train le soir dans une gare bondée. Heureusement, contrairement à d’autres touristes, notre avion est le lendemain à midi, donc nous avons un peu de marge pour rentrer à Cusco.
Une dernière petite surprise pour bien finir ce weekend rocambolesque : on apprend dans le train qu’il ne va pas à Poroy, la station près de Cusco, mais à Ollantaytambo… Nous appelons en urgence l’agence, qui fait partir quelqu’un pour Ollantaytambo (à 1h30 de route de Poroy). Nous aurons un peu de mal à le retrouver là-bas mais nous pourrons rentrer à Cusco le soir même, vers 1h du matin.
Malgré un couple qui se déchire en hurlant dans la chambre en dessous de la notre, nous nous endormons avec toutes ces aventures et ces belles images en tête !
Nous prendrons l’avion le lendemain, direction Lima pour aller faire notre demande de visa chinois et nous remettre de nos aventures.
Excellent récit très captivant et, qui plus est, très agréable à lire car écrit dans un français impeccable, ce qui est rare sur la toile.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Cirilo pour votre gentil commentaire. Ça fait plaisir 🙂
J’aimeJ’aime